Médiéval - Correction de l'examen 2015 (document envoyé par le prof - webmail)

par Winy Fred Dim 10 Jan - 0:24

L2 / Actualités de la recherche en histoire de l’art médiéval

Corrigé de l’examen de janvier 2015

Sujet
Rédigez l’introduction de la dissertation suivante : « Le chantier d’Assise »
Cette introduction, ne devant pas dépasser une page, devra introduire le sujet, exposer une problématique pertinente et présenter le plan choisi.

Correction
Pour vous permettre de comprendre les résultats que vous avez obtenus aux examens de janvier, je tiens à vous communiquer un corrigé de l’examen sur l’ « Actualités de la recherche en histoire de l’art médiéval ». Pour rappel, cet examen consistait à rédiger l’introduction du sujet suivant : « Le chantier d’Assise ».

D’emblée, je dois vous avouer que j’ai été assez désorienté par la correction de vos copies. J’ai en effet constaté que, à quelques exceptions près, vous aviez bien suivi et appris le cours, ce dont je tiens à vous féliciter. Cependant, la qualité de vos connaissances sur le sujet a été fortement dévalorisée par un manque criant de réflexion personnelle et de problématisation (ce qui était l’élément essentiel de l’examen). Pour vous dire les choses plus simplement, vous avez trop souvent rédigez des introductions ne répondant pas au sujet ! Pire encore, dans certains cas, il ne s’agissait même pas d’introductions, mais de synthèses de cours. J’avais pourtant fait en sorte de vous indiquer dans le sujet en quoi devait consister votre introduction :
« Cette introduction, ne devant pas dépasser une page, devra introduire le sujet, exposer une problématique pertinente et présenter le plan choisi ».

Pour résumer, quatre raisons principales dans les critères de notations m’ont conduit à souvent attribuer des notes entre 6-10 :
1. Une expression confuse nuisant à la clarté de l’argumentation
2. Des introductions hors-sujet
3. Des problématiques non pertinentes
4. Des plans partiels

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1. Une expression confuse

En dehors des fautes d’accords grossières (et qui altèrent la qualité de la rédaction), le plus gros souci réside dans l’expression approximative, souvent confuse et maladroite, voire totalement incorrecte. Faites des phrases plus courtes et plus simples, et, surtout, relisez-vous. Comment voulez-vous que le lecteur-correcteur adhère à ce genre de phrase ? :

- « On peut donc se poser la question en quoi le chantier d’Assise est-il un fondement dans le renouveau de l’art italien et dans la diffusion du nouveau courant gothique en Italie »

Comme l’atteste cet exemple, vos facultés d’expression sont fortement mises à mal lorsqu’il s’agit de la problématique. J’en ai compté une dizaine seulement correctement formulée. Vous éprouvez tout simplement des difficultés à écrire des interrogatives indirectes correctes.
Voici un conseil simple : arrêtez de rédiger votre problématique sous la forme d’une interrogation si vous n’en êtes pas capable. Ne commencez pas votre problématique par « En quoi » ou « Pourquoi » qui risquent de vous amener à poser une question maladroite. En outre, ce n’est pas parce que vous posez un problème structurant la réflexion que la problématique doit être compliquée à lire, voire incompréhensible. Bien au contraire, rédigez une phrase simple et claire.

De façon générale, pour l’ensemble de la dissertation, interdisez-vous d’utiliser « on », « va », « vont » et bannissez le futur (sauf éventuellement pour présenter le plan). Pourquoi rapporter au futur des événements qui se sont déroulés dans le passé ? Rédigez au présent ou au passé composé (cela vous évitera de faire des fautes de conjugaison).

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2. Des introductions hors-sujet

Pour rappel, une introduction doit d’abord commencer par :
- une phrase d’accroche qui fait entrer le sujet et plante le cadre général de la réflexion
- une interrogation des termes du sujet, des concepts et objets qu’il doit mobiliser
- une mise en contexte qui permet de mettre en évidence les enjeux du sujet proposé

Dans la très grande partie des cas, vous n’avez pas répondu à ces exigences. La phrase d’accroche doit directement planter le cadre de la réflexion. Or, vos accroches portent rarement sur le sujet donné, mais se contentent de reprendre, tout en étant maladroite, l’introduction générale du CM. L’introduction d’une dissertation n’est pas la copie de l’introduction du cours !
Voici un petit florilège d’accroches que j’ai pu lire :

- « L’Italie a connu divers échanges et contacts avec Byzance et l’Orient et cette histoire italienne va se refléter dans la production la production artistique de l’époque. Ainsi si l’on veut comprendre l’art italien il faut tout d’abord se plonger dans le contexte historique. « Une Italie » qui vers 750 est confronté [sic] à Byzance. Une Italie entre guillemet car il serait plus juste de parler des états italiens. L’Italie étant fractionné [sic] en plusieurs morceaux et une unité italienne qui ne viendra qu’au XXe siècle » (Cette accroche n’est pas valable pour deux raisons : 1. elle ne porte pas sur le sujet. 2. Elle reprend l’introduction du cours avec beaucoup de maladresse)

- « L’Italie du duecento est une Italie riche et prospère où la production artistique est en plein essor. Cette production artistique est marquée par de nombreuses influences étrangères. En effet le territoire italien à [sic] été le lieu de nombreuses occupations comme vers l’an mil avec un émirat arabe en Sicile puis une occupation normande, tandis que dans le Nord, la papauté et l’Empire germanique se dispute le pouvoir. Plus tard, la famille angevine dominera le sud de l’Italie alors que le Nord se morcellera en plusieurs petits états » (Hors-sujet également…)

- « L’Italie depuis 750 a connue [sic] des périodes d’instabilités. Différents événements se sont succédés comme le sacre de Charlemagne par le pape, la création de l’état de l’Eglise, les invasions musulmanes [attention : arabes, ce n’est pas la même chose…]. La fin des hoentenhaufen [sic] grâce à Charles d’Anjou avec la bataille de Bénévent. Opposition entre guelfes et gibelins, ceux pour le pape et ceux pour l’empereur. Malgré ça l’Italie se remet et connaît en enrichissement rapide grâce à Florence, Venise, Gènes (Etc. Etc. J’arrête ici la citation parce que cette introduction fait plus de deux pages !!)

Ce genre d’accroche s’avère parfaitement inutile car elle n’introduit pas le sujet (dans ce cas, je le rappelle, celui du chantier d’Assise). Pire encore, elle prouve un manque de réflexion personnelle : vous préférez reprendre telle quelle l’introduction du cours plutôt que de réfléchir par vous-même.

Dans d’autres cas, vos accroches manquent de pertinence et sont approximatives, voire inexactes :

- « Saint François est une cathédrale franciscaine construite entre 1230 et 1253. Elle a en son sein deux églises ; une supérieures et une inférieure destinée aux pèlerins l’autre aux moines » (La basilique de Saint-François d’Assise n’est pas une cathédrale et les franciscains ne sont pas des moines, mais des frères. Ecrire ce genre de choses dès l’accroche laisse entendre que vous n’avez rien compris aux ordres mendiants.)

- « Saint François d’Assise est issu d’une famille de marchands, il naît dans les années 1180. Un jour, il voit apparaître le Christ qui lui demande de reconstruite son église. Il a également une seconde apparition, ce qui l’entraine à renoncer à ses biens et à vivre dans l’exercice de la croyance » (Accroche maladroite et inexacte sur plusieurs points)

- « Assise est une ville d’Italie » (Merci pour ce commentaire éclairant qui laisse envisager une réflexion pertinente !!)

Pour rédiger une bonne introduction, il faut se concentrer au plus vite sur le sujet. Par rapport à la dissertation qui vous était donnée, il aurait donc fallu directement expliquer ce que désigne le chantier d’Assise, à savoir l’exécution du décor peint dans le complexe conventuel érigé sur le tombeau du fondateur de l’ordre franciscain. Il était ainsi de bon ton de rappeler son contexte immédiat de réalisation (une commande franciscaine encouragée par la papauté) et sa chronologie avec des dates précises. Seules quelques copies se sont appliquées à le faire.

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3. Des problématiques non pertinentes

Les problématiques que vous avez proposez manquent de pertinence, parce que, comme pour l’introduction du sujet, elles ne se concentrent pas suffisamment sur le sujet. Prenons le cas de la problématique suivante :

- « Peut-on métaphoriquement comprendre le chantier d’Assise comme cette production d’images dans l’art du XIIIe siècle influencée par les enseignements de saint François d’Assise ? »

Outre le fait que cette problématique est très mal formulée (et je ne vois pas ce que la métaphore vient faire la dedans), elle n’aborde le sujet que de façon partielle : l’intérêt du chantier de Saint-François d’Assise ne réside pas seulement dans le message franciscain qu’il véhicule.
D’autres problématiques s’avèrent quant à elle totalement stériles :

- « Par le chantier d’Assise nous verrons l’évolution de la peinture italienne qui va sortir de l’influence byzantine pour aller vers le gothique de Giotto »

- « Nous pouvons alors nous demander de quelles manières sont réalisées ces productions ? Du fait notamment de l’engouement pour cet homme canonisé récemment ? » (La deuxième question n’est pas correcte : il s’agit d’une affirmation sans verbe)

- « De quelles façons s’articule le processus créatif du chantier d’Assise autour des différentes influences et évolutions artistique [sic] ? »

La question de l’évolution n’est pas problématique pertinente, étant donné que l’histoire de l’art consiste justement dans l’étude des changements et des transformations de l’art. La notion d’ « influence » n’est pas beaucoup plus pertinente. Il s’agit d’un terme beaucoup trop vague que vous employez à tort et à travers.
Au risque de me répéter, je vous rappelle qu’une problématique doit poser les bases d’une réflexion personnelle pour l’ensemble de la dissertation. Ne cherchez pas des problématiques trop compliquées et trop restrictives. Dans le cas du « chantier d’Assise », plusieurs problématiques pouvaient être envisagées. En voici une, certes banale, mais qui a le mérite d’être suffisamment ouverte pour permettre de traiter tous les aspects du sujet :
« Le chantier d’Assise constitue un laboratoire international dynamique qui contribue à la diffusion du courant gothique en Italie »

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4. Des plans partiels et confus

Pour rappel, le plan peut être en deux ou trois parties, chronologique ou thématique, ou les deux à la fois. Pour le sujet qui nous intéresse, je pense que trois parties thématiques et chronologiques étaient plus appropriées.
Les plans que vous avez proposés n’envisagent le sujet que de manière partielle. Voici un exemple de plan parfaitement raté parmi tant d’autres :

- « Notre raisonnement s’articulera en trois parties : premièrement, les influences byzantines, ensuite l’apport romain et l’apport du Nord ».

Un tel plan est particulièrement affligeant de pauvreté. D’abord, son auteur n’aborde même pas la contribution de Giotto alors qu’elle est fondamentale. Ensuite et surtout, l’annonce du contenu de chaque partie doit être bien plus complète, c’est-à-dire se décliner en deux ou trois phrases.

Dans plusieurs copies, les plans sont très confus à cause d’un manque de vocabulaire et parce que vous n’avez pas pris le temps de réfléchir au sujet. Deux exemples au hasard :

- « Dans un premier temps, nous étudierons le chantier extérieur [je ne comprends pas, voulez-vous parler d’architecture ?]. Puis nous montrerons les différents apports et nouveautés introduisant l’émancipation progressive de l’art italien par rapport à l’art byzantin. Enfin, nous illustrerons nos propos en comparant le chantier d’Assise avec les chantiers romans toscans tels [sic] que le dôme de Pise et lombards tels [sic] que l’église de Saint-Marc de Venise » (Le plan est trop partiel car son auteur n’envisage de traiter que l’architecture. Or, l’importance du chantier d’Assise réside aussi et surtout dans son décor peint)

- « Dans une première partie nous verrons la matérialisation de la vie mendiante par l’aspect extérieur de la cathédrale [qui, pour rappel, n’en est pas une], puis nous nous intéresserons aux messages véhiculés par les fresques, puis d’une façon plus globale nous constaterons le rayonnement de cet édifice dans les arts religieux » (Ce plan ne place pas le chantier d’Assise au cœur de la réflexion)

- « Pour répondre à ce questionnement nous nous dirigerons vers une appréhension du chantier d’Assise autour du contexte de création et d’une introduction à la mise en œuvre. Puis dans un second temps nous étudierons l’importance des peintures murales grâce à leurs influences et iconographie ainsi qu’à leurs technique [sic]. Enfin, dans une troisième partie nous nous focaliserons sur l’architectures des lieux avec la création de l’édifice et son annoncement [sic] des avancées techniques » (Celui-ci est particulièrement confus et désordonné : Pourquoi placer l’architecture en 3e partie ? Son auteur ne maîtrise pas le vocabulaire de base : pour preuve, le terme « annoncement » n’existe pas).

Etant donné que le sujet était relativement ouvert, plusieurs plans étaient envisageables. Voici les principaux axes, que certains d’entre vous ont bien définis, à partir desquels vous pouviez structurer votre dissertation :
- L’architecture de la basilique de Saint-François : un édifice gothique puisant dans des modèles angevins et cisterciens.
- Un chantier pictural marqué par les usages byzantins : le cas du Maître de saint François dans la basilique inférieure.
- La contribution de Cimabue à l’assouplissement de la manière byzantine dans la basilique supérieure.
- Un chantier international : l’apport gothique des peintres verriers septentrionaux et du maître d’Outremonts.
- La contribution capitale de Giotto à l’affirmation de la peinture gothique dans la Légende de saint François.
- Un chantier toujours d’actualité : la campagne de restaurations au lendemain du tremblement de terre de 1997.
- Un chantier scientifique : l’épineux problème des attributions
- Etc.